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Canicule : les gestes qui sauvent la petite faune de nos jardins

Comment aider la petite faune à survivre à la fournaise

Ce 1er juillet 2025 restera dans les annales météorologiques : avec 35,9°C mesurés à Uccle, nous avons battu le record absolu pour cette date. Une occasion de plus de constater que les épisodes caniculaires deviennent non seulement plus fréquents, mais aussi plus intenses.

Quelles aides concrètes peut-on mettre en place dans nos jardins pour permettre à la petite faune de survivre à ces températures extrêmes ? Je vous propose des solutions pratiques qui font vraiment la différence.

L’eau, une urgence vitale en période de canicule

Quand le mercure grimpe, l’accès à l’eau devient critique pour tous les animaux du jardin. La solution commence par l’installation de plusieurs points d’eau adaptés aux différentes espèces. Pour les oiseaux et petits mammifères (je pense au hérisson qui loge chez moi), des coupelles peu profondes de 2 à 3 centimètres maximum font l’affaire. Il est essentiel de les disposer à différents endroits du jardin. Mais aussi de changer l’eau quotidiennement pour éviter la prolifération des moustiques. Préférez des endroits semi-ombragés à ombragés pour éviter une évaporation trop rapide

Mais attention! Un détail qui fait toute la différence : l’ajout de galets ou de branches dans ces coupelles. Ces supports permettent aux insectes de s’abreuver sans risquer la noyade. Ils offrent aux amphibiens comme les grenouilles et crapauds des perchoirs pour se reposer tout en restant partiellement immergés. Pour rassurer les oiseaux plus méfiants, favorisez les points d’eau placés en hauteur, sur un muret, une souche ou suspendus à une branche d’arbre.

Les insectes pollinisateurs nécessitent des aménagements spécifiques. Les « bars à abeilles » – de simples soucoupes remplies de billes d’argile ou de petits galets – rencontrent un franc succès. Moi j’ai opté pour les anciennes cuillères « chinoises » des bols que collectionnait maman. La mousse maintenue humide dans les zones ombragées offre également une source d’hydratation appréciée. En plus, elle crée des refuges frais pour les amphibiens qui ont besoin de maintenir leur peau humide.

Enfin, ne négligez pas de laisser quelques fruits gorgés d’eau (framboises, cassis, cerises). Les animaux y trouveront eau et nutriments nécessaires. En permaculture, partager l’abondance ne se limite pas aux humains : nos récoltes peuvent aussi soutenir la biodiversité en période difficile !

Créer des microclimats frais : l’ombre salvatrice

Durant les vagues de chaleur, les animaux recherchent désespérément les zones fraîches. Multiplier ces refuges dans le jardin devient alors une priorité. Les zones naturelles jouent un rôle irremplaçable. Les haies denses et buissons touffus créent de l’ombre épaisse tout en maintenant l’humidité par la transpiration de leurs feuilles. Les herbes hautes protègent le sol du rayonnement direct et conservent la rosée matinale plus longtemps. Saviez-vous qu’elles créent ainsi un microclimat jusqu’à 5°C plus frais au niveau du sol? Les tas de branches et de feuilles mortes agissent comme des isolants naturels : la décomposition lente génère de l’humidité tandis que la structure aérée permet la circulation d’air frais.

De plus, des aménagements simples peuvent compléter ces zones naturelles. Un simple tas de pierres placé à l’ombre accumule la fraîcheur nocturne et la restitue progressivement durant la journée. Il offre ainsi aux salamandres et nombreux insectes un abri tempéré où se réfugier. Les pots de fleurs retournés avec une petite entrée créent des cavités sombres où l’air reste plus frais, parfaites pour les grenouilles et les carabes.

Ces aménagements, aussi modestes soient-ils, exploitent des principes physiques simples – ombre, évaporation, isolation, inertie thermique – pour créer des microclimats salvateurs. En période de canicule, ces quelques degrés de différence peuvent littéralement sauver la vie de nombreuses espèces.

La biodiversité urbaine : chaque jardin compte

En milieu urbain, l’effet d’îlot de chaleur amplifie les températures jusqu’à 3°C de plus dans les centres-villes. Dans ce contexte, nos jardins deviennent des corridors écologiques vitaux pour la survie de la faune. Les principes de la permaculture se révèlent particulièrement pertinents pour créer ces refuges.

Premièrement, la diversité végétale constitue la base d’un jardin résilient. Chaque strate de végétation – des grands arbres aux couvre-sols en passant par les arbustes et les herbacées – génère son propre microclimat. Cette stratification crée naturellement des poches d’humidité par la transpiration des plantes et l’ombre qu’elles procurent. Les plantes indigènes jouent un rôle clé : mieux adaptées aux conditions locales, elles résistent davantage tout en nourrissant plus efficacement la faune locale avec leurs baies, graines et nectar.

Ensuite, le paillage remplit une fonction complémentaire mais distincte. Une couche épaisse de 10 à 15 centimètres maintient l’humidité du sol en limitant l’évaporation. Elle abrite une multitude d’auxiliaires du jardin : cloportes, carabes, staphylins… autant de décomposeurs et prédateurs essentiels à l’équilibre du jardin. Par ailleurs, les mares, même modestes (1m²), sont de véritables trésors multifonctionnels. Elles régulent la température ambiante par évaporation, offrent un point d’eau permanent pour boire et se baigner, accueillent libellules et amphibiens, et créent un microclimat humide dans leur périphérie immédiate où prospèrent mousses et fougères.

Pendant les épisodes caniculaires, certains gestes ciblés peuvent faire la différence pour la survie de la faune. La tonte doit être absolument évitée. L’herbe haute protège le sol de la dessiccation et abrite une myriade d’insectes et de petits mammifères. La vaporisation ponctuelle d’eau sur certains feuillages en soirée peut créer des zones d’humidité temporaires appréciées des animaux nocturnes. L’arrosage reste un recours ultime, à réserver aux jeunes plantations en détresse ou aux zones critiques comme les abords immédiats des points d’eau qui s’assèchent. L’objectif est de maintenir des îlots de survie, pas d’arroser l’ensemble du jardin qui doit apprendre à vivre avec moins d’eau.

Construire un jardin résilient pour l’avenir

Ces 35,9°C record ne sont qu’un signal d’alarme : nos jardins doivent évoluer pour devenir des refuges climatiques durables. La notion de résilience, centrale dans l’approche permaculturelle, prend tout son sens : un écosystème bien conçu traverse les extrêmes climatiques tout en continuant à prospérer. Mon propre jardin-forêt urbain illustre parfaitement ce principe : sans aucun arrosage, il reste verdoyant et accueillant pour la faune malgré ces températures extrêmes. C’est la force d’un système où chaque élément – arbres, arbustes, couvre-sols, paillage – contribue à l’équilibre de l’ensemble.

Certains investissements font vraiment la différence sur le long terme. Planter des arbres et arbustes dès maintenant, c’est préparer l’ombre indispensable de demain. La création de noues et de jardins de pluie permet de gérer efficacement les alternances entre sécheresses et déluges. L’installation de nichoirs et d’abris permanents, orientés nord/est pour éviter la surchauffe, offre des refuges durables. Le développement de corridors verts en collaboration avec les voisins multiplie l’efficacité de ces actions.

Un engagement collectif nécessaire

Avec des épisodes caniculaires de plus en plus fréquents, créer des jardins résilients devient une démarche à la fois sensée et gratifiante. Imaginez un espace qui reste frais et accueillant même par forte chaleur, où la biodiversité s’épanouit naturellement, et qui demande moins d’entretien une fois bien établi. C’est tout l’intérêt de cette approche.

C’est pourquoi, dans mes formations en permaculture, nous explorons ensemble toutes ces solutions. Que vous soyez particulier passionné, futur professionnel ou simplement curieux d’apprendre, vous découvrirez comment transformer votre espace vert en véritable sanctuaire pour la faune. Un jardin capable de traverser canicules et sécheresses tout en restant productif et esthétique.

Chaque jardin compte dans cette démarche. Le Réseau Nature de Natagora, qui rassemble déjà 1000 hectares dédiés à la biodiversité, le démontre parfaitement. Mon propre jardin bruxellois, labellisé par ce réseau, participe à ce maillage écologique vital permettant aux espèces de circuler entre les réserves naturelles. Dans la capitale, où les jardins privés représentent 30% des espaces verts, le potentiel est immense : autant de refuges possibles pour une nature en quête d’abris.

En tissant ensemble cette trame verte, nous créons les conditions pour que la petite faune puisse s’abriter et prospérer, même par 35,9°C. N’attendons pas la prochaine alerte orange : commençons dès aujourd’hui à transformer nos jardins en sanctuaires du vivant.

 

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